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Le 18 mai, le CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogue) L’échange organisait dans ses locaux à Nancy une porte ouverte destinée aux partenaires et professionnels. C’était l’occasion pour Nadia CERISE, Chef de service, son équipe et des usagers volontaires de présenter leurs locaux d’accueil du rez-de-chaussée rénovés, devenus accessibles aux personnes à mobilité réduite. Cela a nécessité trois mois de travaux fin 2016 qui ont un peu perturbé le fonctionnement, avec l’accueil réorganisé dans les étages.

De l’avis de tous accueillants et usagers la qualité du résultat méritait cette contrainte. Pour cette manifestation des usagers se sont impliqués en réalisant divers travaux : textes de témoignages, modelages en terre et maquette des nouveaux locaux réalisée par Cédric. Yohann FOOS, éducateur stagiaire de 3ème année à l’IRTS, les a accompagnés dans leurs démarches.

 Modelages en terre réalisés par Yohann

Locaux de L'Échange
en maquette réalisée par Cédric

L’espace accueil du RDC a été rénové avec le conseil d’un cabinet d’architecte. Il est fonctionnel, clair et lumineux avec son grand bar en bois. Usagers et équipe du CAARUD sont satisfaits de ce bel endroit, même s’ils ont perdu un peu de place pour réserver un petit bureau espace d’accueil accessible à tous.

L’échange permet à ses usagers de se poser, d’avoir une écoute, d’accéder à du matériel de prévention pour l’usage de drogues, d’obtenir des soins légers assurés par deux infirmiers, cela dans la confidentialité et le respect de l’anonymat. Sont accessibles également : toilettes, douches, machine à laver et sèche-linge. La structure, outre les infirmiers, est composée de trois éducateurs et d’une chef de service.

Historique : les premiers partenaires de l’association A.G.U. 54 : l’ARS, le Grand Sauvoy et l’UFATT (CHRU) entrent en contact en 1999, et ouvrent le centre d’accueil L’Echange positionné entre le social et les soins, sans paraître trop connoté par l’un ou l’autre pôle, pour lui permettre de contacter un public usager de drogues qui n’est pas encore entré dans une démarche de remédiation. La structure n’est pas pérenne à l’époque, elle s’appuie sur les bonnes volontés locales et fonctionne grâce à des mises à disposition. Les partenaires sont aujourd’hui : l’A.R.S. (Agence Régionale de Santé), la ville de Nancy et sa métropole et Arélia. Aujourd’hui trois membres du conseil d’administration sont des représentants d’Arélia.

Les locaux sont rue Lionnois à Nancy où l’association est locataire d’une maison de ville du CHRU alors vide et dégradée. Une première rénovation concerne le RDC et le 1er étage, puis le 2ème en 2008 puis toute la maison est réorganisée. Un petit jardin la complète, il permet l’accueil des chiens, chats et autres animaux… qui accompagnent leur maître. Les animaux ont des cages et restent sous la responsabilité de leur maître. L’été venu le jardin permet des barbecues conviviaux. Les locaux du Rdc sont en accès libre, mais pour accéder aux locaux d’échange et de soins du premier étage, les usagers doivent être accompagnés par un professionnel.

Fonctionnement : les horaires d’ouverture sont : lundi, mardi de 10h à 13h et mercredi, jeudi, vendredi de 15h à 18h. Le mercredi « Talons Aiguilles » de 10h à 13h réalise un accueil spécifiquement féminin. La file active à l’échange en 2016 est de 423 personnes accueillies dans les locaux soit une moyenne de 25 par jour permet de se rendre compte de l’ampleur de la demande.

Vestiaires "Talons Aiguilles"

Des « maraudes » sont organisées dans les rues de la ville par les travailleurs sociaux le jeudi après-midi. Ils vont à la rencontre des usagers en ville avec leur sacoche assurer des prises de contact, faire de la prévention, faire connaître L’échange. Le CAARUD L’échange est présent Cours Léopold avec La soupe des sans-abris le dimanche deux fois par mois en alternance avec l’autre CAARUD AIDES. En 2016, ces rencontres ont permis de contacter 249 personnes soit 202 hommes et 47 femmes. La même démarche est engagée sur Toul et Pont-à-Mousson une demi-journée par semaine avec, en outre, la rencontre d’autres partenaires santé-sociaux.

Actions de médiation avec le voisinage : l’échange est très attentif depuis ses débuts, il y a 15 ans à son intégration dans le quartier. Le règlement intérieur exige : « pas de rassemblement extérieur aux abords des locaux ». Des équipes mixtes composées d’un professionnel et d’un usager veillent au maintien de la propreté aux abords du centre chaque vendredi après-midi. La vigilance est constante et permet des rapports apaisés avec le voisinage. Par exemple, quelques voisins sont venus aux portes ouvertes ! L’Echange est présente au Conseil citoyen (ancien atelier de quartier) dans le collège des associations. Les usagers de l’Echange viennent par libre adhésion, il n’y a pas de violence. Les riverains savent où s’adresser en cas de problème.

Les usagers de L’échange donnent leur avis et participent à la vie du centre. Dominique est Présidente du Conseil de la Vie Sociale (CVS) qui regroupe les usagers volontaires. Elle est engagée, elle prend son rôle à cœur, souhaite améliorer et faire évoluer l’accueil, propose des activités. Elle est à l’origine de la demande du passage de simples collations à trois repas chauds de midi pour les usagers qui en font la demande. Le centre ne servait jusqu’ici que des collations, cela a été possible grâce à l’appui de la Banque Alimentaire. Des animations et sorties sont proposées aux usagers ainsi que des activités physiques, et de moments de convivialité.

Les soins sont assurés par des infirmiers : ils ont un rôle de premiers soins (abcès, œdèmes, morsures…) et d’éviter les complications. Leur rôle d’écoute et d’orientation, permet aux usagers d’accéder aux bons services (maladies infectieuses, urgences psychiatriques…), le traitement des addictions se fait également en lien avec « La Maison des addictions », où ils pourront rencontrer médecins, psychologues, infirmiers et travailleurs sociaux.

Les réunions d’équipe de travailleurs santé-sociaux sont hebdomadaires, la supervision de l’équipe est assurée lors de 10 séances avec un professionnel. L’équipe poursuit régulièrement sa formation et certains de ses membres participent à des actions de formation en direction d’autres structures.

Les perspectives : Nadia CERISE souhaiterait que L’échange puisse intervenir sur les territoires les plus reculés du département. Ainsi, pourquoi pas une antenne mobile 54 ? La France poursuit deux expérimentations de salles de consommation pendant 6 ans l’une à Strasbourg et l’autre à Paris. Elles sont toutes deux nécessairement adossées à des CAARUD.

Pierre BRUNE
Administrateur

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