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Véronique CHATOR est chargée de l’accompagnement socioprofessionnel sur le site Arélia de Metz Borny. Ce quartier compte 17 000 habitants et a vécu une rénovation urbaine importante. Véronique a une longue expérience de l’enseignement du français langue étrangère (FLE), dès sa formation initiale, puis lors de ses premières expériences professionnelles. Elle est longtemps intervenue sur la reconversion des sidérurgistes d’origine immigrée en Moselle. Aujourd’hui pour mieux répondre aux besoins des personnes accueillies, son équipe appuyée par des partenaires vient de mettre en place un outil innovant de formation professionnelle FLE particulièrement prometteur.

 

Véronique CHATOR

 

Les chantiers d’insertion qu’elle suit sont :

  • Le chantier des employés de collectivité composé d’hommes et femmes assurant l’entretien de locaux très divers. Les prestations portent sur une trentaine de chantiers différents, certains hebdomadaires et permanents, d’autres ponctuels dans l’année.
  • Le chantier des ouvriers peintres qui interviennent essentiellement sur la rénovation d’appartements pour des bailleurs sociaux mais aussi de salles de classe, gymnases et autres pour des collectivités. Les travaux confiés comprennent les peintures intérieures et extérieures, la pose de revêtements de sol et divers aménagements intérieurs.
  • Le chantier des ouvriers polyvalents qui assure, pour le compte de la SNCF, l’entretien d’une cinquantaine de gares TER ainsi que les talus et fossés de la LGV Est sur 200 kms.

Pour l’ensemble de ces chantiers, 33 postes équivalents temps plein sont accordés par la DIRECCTE qui ont correspondu à la mise en emploi et à l’accompagnement de 113 personnes en 2015. Les financeurs sont le Conseil Départemental 57 et la Ville de Metz (Politique de la ville). Les personnes accompagnées sont en Contrat à Durée Déterminée d’Insertion d’une moyenne de 20 heures hebdomadaires. Elles participent au travail de production de leur chantier qui est à visée professionnalisante. Le suivi est à la fois collectif (tous les 15 jours) et individuel au rythme des besoins et selon l’évolution des projets de chacun. Il vise à permettre une insertion durable.

 


Véronique CHATOR souligne que les encadrants techniques jouent un rôle indispensable dans cet accompagnement. Les contacts avec les encadrants techniques se font au quotidien avant le départ sur les chantiers ou au retour. Cela permet de mieux suivre l’évolution des salariés en insertion, pointer les éléments positifs et les progrès individuels, repérer les difficultés, entendre leurs besoins. Les encadrants techniques ont un rôle important à jouer dans l’émergence des projets et dans la construction des parcours individuels en lien avec la conseillère.


« Mon métier c’est un travail d’équipe » déclare-t-elle. L’accompagnement socio professionnel commence par un entretien diagnostic avec chaque salarié pour faire le point sur ses atouts, ses freins et ses motivations dans la construction de son projet professionnel. Il s’agit de repérer les capacités de la personne accueillie, les évaluer et les valoriser par rapport à son projet, vérifier le déclaratif : s’agit-il d’un projet réel ou d’une représentation ? Selon les projets des personnes, il est important de repérer les problèmes de latéralisation, de passer si nécessaire des tests linguistiques ou de logique. Tout cela avec l’appui de l’encadrant technique et de ses observations lors des situations d’apprentissage et de travail. « J’ai besoin de l’avis des collègues pour construire un parcours, faire émerger le projet, lever les freins périphériques, par exemple la question de la mobilité. Dans le travail sur les espaces verts, le permis est très important, mais obtenir le code nécessite une certaine maîtrise de la langue. Le stress peut être paralysant et bloquer l’obtention de la conduite. La question du coût et du financement est aussi un problème à gérer. Pour tout ce qui est travaux de propreté, au vu des horaires de travail dans ce secteur, un point clé est de prévoir un mode de garde adapté pour les enfants. Voir les choses vraiment en détail, orienter vers les partenaires associatifs spécialisés dans les réponses à apporter en matière de santé, d’aide au déplacement, de logement, de qualification… Les encadrants techniques servent de relais, pour relancer les personnes en insertion, maintenir une certaine pression, les aider à aller au bout de leur projet.


Le travail d’orientation professionnelle doit prendre en compte la personne dans sa globalité. Au final, il est important de valider les projets par une immersion en entreprise qui permettra d’évaluer les compétences et la maîtrise des codes sociaux liés au travail.


Dans ce parcours, la formation constitue un levier important. L’un des partenaires privilégiés est l’AFPA. Qu’il s’agisse de formations professionnalisantes, règlementaires (habilitation électrique, sécurité au travail, gestes et postures..) ou qualifiantes (titres professionnels dans différents domaines d’activités), c’est un élément déterminant dans la motivation de chacun à évoluer et dans l’accès à l’emploi durable. L’AFPA a mis en place une plateforme en alternance dédiée aux contrats aidés.


A travers les bilans annuels, nous avons constaté une évolution des publics accueillis, beaucoup de personnes accompagnées sur le site de Metz relèvent d’un besoin en français langue étrangère (FLE), soit 53% en 2015. Après une importante arrivée de migrants au cours des années précédentes, les régularisations obtenues leur ont permis d’accéder aux chantiers d’insertion. Les besoins en FLE sont criants. Ces personnes accompagnées possèdent des talents, ont souvent l’expérience d’un métier exercé précédemment dans leur pays d’origine, bien sûr dans un autre contexte, avec des normes de travail et des exigences professionnelles différentes. Volontaires, elles font preuve d’un bon comportement en entreprise et sont appréciées pour leurs qualités professionnelles. Mais la maîtrise de la langue française est indispensable pour les premiers éléments de communication avec un employeur d’une entreprise classique. La compréhension des consignes, en particulier celles de sécurité, de même que la capacité à rendre compte du travail effectué passe par là. C’est un problème majeur, un vrai frein à l’insertion.


« Quand on ne maîtrise pas la langue française, comment rédiger un CV ?

Comment écrire une lettre de motivation ?

Comment soutenir un entretien d’embauche et valoriser son expérience ?

Autant d’obstacles pour accéder à l’emploi. »


« Pour dépasser ce constat et débloquer la situation, une solution a été trouvée avec des partenaires : la mise en place d’ateliers linguistique professionnels. Nous nous sommes appuyés sur l’association Inter Service Migrants (ISM) bien établie sur le secteur, qui assure des prestations juridiques, linguistiques et d’aide à l’emploi. Nous avons mis au point ensemble une véritable ingénierie de projet, qui a donné lieu à des ateliers d’apprentissage de la langue spécifiques au métier. Ces travaux de mise en place d’outils se sont déroulés cet été et ont été finalisés tout récemment en novembre 2015. »


« C’est une expérimentation qui a débouché sur la création d’outils innovants : une valise métier dédiée au métier d’élagueur. La mise en place de cet outil pédagogique n’a été rendu possible qu’avec l’engagement fort de notre client la SNCF qui a accepté de soutenir cette initiative. Cette valise est constituée de nombreuses photos de postes de travail et de situations professionnelles, d’interviews, de consignes de sécurité avec exercices de décodage et des réponses à des QCM. Le responsable sécurité de la SNCF a contribué à la mise en place de ces supports professionnels.» Dominique JUNG encadrant technique sur la LGV, grâce à son expérience dans l’insertion, le recul sur son métier a mis sa créativité au service de l’élaboration de cet outil avec ses partenaires.


Les progrès déjà constatés au niveau professionnel et au niveau de l’autonomie dans la recherche d’emploi montrent l’efficacité de cette démarche et militent fortement pour le transfert vers d’autres métiers. Véronique CHATOR nous indique en conclusion que la construction du Palais des congrès de Metz qui est assurée par l’entreprise EIFFAGE, pourrait donner lieu à une démarche analogue pour le métier de coffreur bancheur !


Véronique CHATOR nous dit que dans son métier, l’important c’est de répondre au plus près aux difficultés du public, de ne pas baisser les bras, de se creuser la tête pour trouver des solutions, l’accompagnement de chaque personne étant différent. Il est important de développer toujours plus les liens avec l’entreprise. D’autre part il reste encore des difficultés à établir des passerelles avec le secteur marchand. Le contexte économique est pesant, les financeurs sont très exigeants en matière de résultats d’insertion attendus : « 60% de sorties positives » c’est-à-dire : CDI, CDD de plus de 6 mois, emplois de transition, formation qualifiante. Le marché de l’emploi est très exigeant, une offre d’emploi pour le bâtiment prise au hasard est ainsi rédigée : «Cherche manœuvre de chantier possédant expérience dans le domaine de l’électricité. Permis et véhicule exigés» !


« Il est indispensable de soigner l’accompagnement par un travail d’équipe le plus efficace possible et s’appuyer sur les entreprises grâce aux périodes d’immersions. Il nous faut donner du sens à notre travail, exploiter tous les indices et tirer profit des opportunités. »


Véronique souhaiterait rencontrer des administrateurs de l’Association Arélia, engagés comme acteurs de la vie économique ou dans la formation d’adultes, pour échanger, prolonger la réflexion et lui permettre de poursuivre les expériences et les innovations.


P. BRUNE
Administrateur


SPOT PUBLICITAIRE SNCF passé sur TF1, avant le journal de 20h, D8, etc… Alexandre travaille sur un chantier SNCF spécialement dédié à l’insertion professionnelle (encadré par l’Association Arélia). Tournage sur les abords de la ligne LGV Est à Pagny sur Moselle.

 

Depuis 10 ans, SNCF s’engage auprès de différentes associations pour promouvoir et aider à l’insertion sociale et professionnelle. Grâce à des chantiers spécialement dédiés à l'insertion, des centaines de personnes en difficultés professionnelles sont accompagnées et formées à un nouveau métier, afin de pouvoir trouver leur voie. et prendre un nouvel autre départ ! Au final, plus de la moitié des personnes concernées trouvent un emploi ou intègre une formation longue.

 

Spot d’une durée de 0.31 min en suivant le lien : https://www.youtube.com/watch?v=svu-As0mvoM

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