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Le Centre d’Accueil et d’Orientation de demandeurs d’asile situé à Neuves Maisons fonctionne maintenant depuis le 24 octobre 2016. Nous avons eu l’occasion de le visiter récemment. Il accueille, à ce jour, 57 demandeurs d’asile, issus très majoritairement du Soudan pays en guerre, trois Afghans et un Erythréen. Ils vivaient précédemment dans la « jungle de Calais ». Ce qui frappe, quand les résidents sont réunis, par exemple au moment des repas, c’est leur jeunesse ! Bien sûr quelques-uns sont bien plus âgés mais la jeunesse domine en particulier les 18-25 ans. Les soudanais parlent l’arabe classique, un peu l’anglais et débutent le français. Ils sont tous musulmans.

Le préfet de Meurthe et Moselle a délégué à l’association Arélia la gestion de ce CAO. La Communauté de Communes Moselle et Madon (18 communes) a accepté volontiers l’implantation du CAO et prête les locaux dont elle est propriétaire. Elle assure diverses prestations pour la mise à niveau de l‘accueil et elle est très coopérative. Un Comité de Pilotage (COPIL) dirigé par le Secrétaire Général de la Préfecture se réunit le vendredi avec le président de la Comcom et tous les acteurs du secteur…

Les locaux sont ceux de l’ancien centre de formation de l’INRS, inoccupés depuis plusieurs années, utilisés pour une petite partie. Ils paraissent bien adaptés : une grande salle centrale bien éclairée et très haute accueille les résidents pour les repas, de grandes coursives mènent directement aux chambres dans les étages et les couloirs du rez-de-chaussée mènent aux salles de cours, salle de détente avec une vieille télévision, l’infirmerie et le bureau. L’accès à l’extérieur est aisé et facilite la vie des fumeurs.

Jean Pierre SUTRA, travailleur social

Le fonctionnement du centre a aujourd’hui atteint son rythme de croisière. Il est piloté par Malika BON et Patrice FONTAINE qui en assument la responsabilité pour Arélia. Sur place la cheville ouvrière est Jean-Pierre SUTRA, travailleur social expérimenté et fin connaisseur du secteur. Il est secondé par Ryad MALEK qui parle anglais et arabe classique. Cette équipe était déjà présente lors de l’accueil à Tantonville. Ils sont accompagnés de toute une équipe : Jean-Claude qui est bénévole et travailleur social de formation, Mathilde TS stagiaire deuxième année. Des jeunes en service civique interviennent également pour encadrer la vie quotidienne : Dimitry (félicité par le Président de la République lors de sa venue à Nancy), Stéphanie et Lucas. Ils sont assistés d’une vingtaine de personnes pour assurer les cours de Français Langue Etrangère (FLE) deux fois par semaine par petits groupes de différents niveaux. N’oublions pas les veilleurs de nuit qui assurent également nuits et week-ends.

En appui à cette « grande maison », toute sorte de structures, associations et bénévoles viennent en aide, en particulier la Communauté de communes avec son Président, le Centre culturel La Filoche, et bien d’autres…

Tous les encadrants sont vigilants pour que tout se passe bien dans la vie quotidienne de la maison, en particulier grâce à une organisation rigoureuse. Mais les tâches administratives et de santé (soins et prévention) mobilisent l’essentiel des journées des deux travailleurs sociaux. Ainsi ils accompagnent les résidents par groupes de quatre selon les besoins pour les démarches à la Préfecture pour les demandes d’asile, voire à la Préfecture de Metz. Pour les problèmes de santé, ils sont accompagnés à la Permanence d’Accès aux Soins (LA PASS) située à l’hôpital central CHRU. Là, un médecin bénévole accueille toutes les personnes qui n’ont pas la CMU, mais la demande est supérieure aux possibilités d’accueil et génère beaucoup d’attente. Certains résidents ont de gros problèmes de santé : deux cas de tuberculose qui ont donné lieu à un traitement immédiat puis un suivi, (porteurs mais ne transmettent pas), gale, mais aussi problèmes cardiaques, ORL (surdité), ophtalmo… Certains résidents sont d’une grande maigreur et ont un suivi particulier.

La vie quotidienne est rythmée par le petit déjeuner tardif, les cours de FLE ou les différentes démarches, les repas (préparés par la cuisine centrale Arélia du site Maxéville). Le nettoyage est maintenant assuré par les résidents, cela n’allait pas de soi au départ à cause des différences culturelles ! Les résidents font aussi leur lessive. Suivent les animations culturelles et sportives. Le but est de les préparer à la « vraie vie » sans assistance. Tout est bien organisé avec des cahiers de liaison, par exemple existe un cahier de lessive pour responsabiliser chacun sur l’usage des machines !

Cours de FLE (Français Langue Étrangère)

Dans les cours de FLE, l’ambiance est très studieuse, les résidents écrivent soigneusement dans leurs cahiers. Certains progressent très vite en français, d’autres rencontrent plus de difficultés. Une animatrice FLE a proposé de faire des crêpes avec succès au sein de son cours. Des cahiers de suivi permettent de garder la trace des cours effectués.

En plus de tables de ping-pong, le foot bien sûr mobilise les résidents. Ainsi des matchs inter-CHRS Arélia ont eu lieu faisant jouer en salle les équipes de Libération, Maxéville, L’Echange et deux équipes du CAO Neuves Maisons. Les résidents s’initient également à d’autres sports. Un atelier poterie a eu un succès inattendu. D’autres animations ont eu lieu : du théâtre, des concerts, la réalisation d’un char lors de la Saint-Nicolas et participation au défilé, la visite de la mine de fer, la plantation d’arbres fruitiers de la Comcom. Des jeux de société sont animés les week-ends par des bénévoles, des concerts. En prévision : du hand, du basket...

Le «Big boss», comme e surnomment les résidents, Jean-Pierre SUTRA, est à la fois bonhomme, mais ferme et exigeant. Il anime son équipe de manière dynamique, en lien permanent avec sa directrice. Il est également animateur de foot dans sa commune ! Son principe dans le management du CAO c’est « la transparence, ne rien cacher, maintenir ouverture du centre sur l’extérieur et inversement, lever les préjugés, les fantasmes qui peuvent exister autour de cette action, rassurer ! »

Après un démarrage à guichet fermé, les résidents vont et viennent par groupes de quelques-uns. Certains vont au centre culturel La Filoche situé à proximité. Comme tous les habitants, ils utilisent les transports gratuits sur la Comcom, permettant l’accès à Brabois.

Précisons le vocabulaire utilisé en matière de demande d’asile et de réfugié : tout étranger peut demander une protection à la France contre des persécutions dans son pays d’origine, pour des motifs religieux, politiques ou autres. Tant que la procédure est en cours, il est demandeur d’asile. S’il l’obtient, il passe sous le statut de réfugié. Actuellement selon Pascal BRICE, Directeur de l‘OFPRA (Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides) la part des personnes reconnues avec un statut de réfugié continue d’augmenter : 28% en 2014, 31.5% en 2015 et 38% en 2016.

Une procédure de retour au pays d’origine a été également proposée par les services de l’état moyennant une somme accordée au demandeur de 2 500 €. Cette proposition a été faite à toutes les personnes accueillies mais aucune n’a accepté !

Le rêve de l’Angleterre est-il toujours présent dans les têtes ? Un résident nous déclare « Je voulais rejoindre Birmingham, on m’avait dit que c’était bien ! Mais la France c’est bien aussi ! »

Pierre BRUNE
Administrateur

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